Je vous préviens d'avance du total manque d'objectivité de cette critique mais je ne peux faire autrement face à cette œuvre que je vais même jusqu'à comparer en partie à Akira. Oui y'en a qui ont du tiquer là mais je revendique haut et fort ce que je viens de dire et vais en donner les raisons plus bas.

L'histoire se situe sur la planète Avalon où l'on suit Karl Hollister, une petite frappe sans envergure ni ambition qui suit son cousin Cedrick sans réfléchir vraiment à quelle direction donner à sa vie. L'histoire commence avec l'arrivée d'émissaires de l'Axe, une force armée qui est présente sur plusieurs planètes et avait été chassée d'Avalon plusieurs années avant dans un bain de sang. La bande de Cedrick voit leur retour comme une occasion de s'enrichir en pillant leur stocks pour les revendre, mais lors d'un raid ils vont croiser une autre bande de jeunes issus de bonne familles, eux ont plutôt décidé d'affronter l'Axe avec des techniques terroristes...

Je vais commencer mon analyse en parlant du dessin car c'est le point le plus rapide et simple à aborder, niveau scénario il y a énormément à dire. Le dessin est assuré par Kevin « Trantkat » Herault qui a été révélé par cette BD (avant il avait publié des illustrations à droite et à gauche dans divers magazines dont « Kameha »), il est clair qu'il s'agit là de l’œuvre de sa vie (après tant mieux si l'avenir me contredit, j'adorerais!). Trantkat est l'un des émissaires du manga à la française, et à mon goût il est encore et toujours le leader de ce mouvement. Son trait est puissant et hyper stylé, ses persos très expressifs, ça je crois que personne ne pourra dire le contraire. Après ça ne plaira évidemment pas à tout le monde et en partie à cause des explosions mammaires si célèbre et typiques made in Trantkat qui vont immédiatement pousser des personnes à ranger cette BD dans des cases qu'elle ne mérite pas. Y'aura des heureux et des mécontents, mais je recommande fortement de ne pas se bloquer là dessus car vous passeriez à côté d'un scénario ultra travaillé.

Bon allez justement collons nous au scenar, Morvan a écrit ici l'un de ses scénario les plus travaillés à mon goût. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a de tout ici. L'action est indéniablement présente mais est loin d'être omni-présente grâce à l'énorme travail sur les personnages (leur psychologies et leur rapports) mais aussi à l'atmosphère instaurée. Je parle là de la description d'une jeunesse paumée au milieu d'une société clairement pourrie qui pousse les petites classes sociales à descendre toujours plus profond dans la déchéance pendant que les riches sont au dessus de tout et vivent dans leur propre sphère de luxure. Ah tiens, ça me rappelle quelque chose ça… Ah oui, Akira ! Je vous avais dit qu'il y avait des points similaires entre ces deux œuvres, et il ne s'agissait pas là uniquement de l'omni-présence de la violence ainsi que des motos et les courses poursuites endiablées entre gangs et avec l'armée.

La description de cette jeunesse paumée passe notamment par une atmosphère assez dépouillée, en effet vous passerez des fois plusieurs pages sans avoir une seule case à lire, ainsi vous serez amplement spectateur de tranches de vie au premier abord sans intérêt mais qui au final aident à approfondir la psychologie des personnages ainsi que leur rapports. De même, plusieurs scènes de sexes sont présentes, renforçant le sentiment de voir toute la vie des personnage, jusque dans leur lit, mais c'est justement là que le bat blesse car la mise en scène de ces scènes de sexe est limite trop détaillée. Je ne sais pas si Morvan Sensei avait prévu les choses ainsi ou si il avait laissé carte blanche à Maître Trantkat dont la vénération du sexe dans toute sa splendeur et sous toutes ses formes n'est plus à prouver, mais voilà, les scènes de sexe sont ultra détaillées, ce qui amènera d'ailleurs des personnes à classer cette BD dans la catégorie pour ados en période masturbatoire, mais hélas pour ceux qui classent trop rapidement la BD ainsi, ils loupent quelque chose.

En plus des points détaillés, bien d'autres sujets sont traités dans cette BD, l'un des plus gros est l'armée. Quel est le but de l'armée, est-elle là pour servir le peuple ou pour se servir du peuple ? Jusqu'où l'armée est-elle autorisée à agir ? Où s'arrête l'application de la loi et où commence le despotisme ? Jusqu'où l'armée est-elle prête à aller dans ses tests scientifiques et technologiques sur le peuple ? Oui énormément de questions… Ah oui que l'on retrouve dans Akira tiens ! Rooo je cherche absolument à rapprocher les deux œuvres hein ! Et bien oui et j'espère que vous trouverez mes analyses aussi exactes que moi.

Allez continuons ! Oh oui il y a encore à dire, je vous avais prévenus ! Quels autres sujets sont traités ? Violence de toute évidence (quand fini la violence ordinaire et quand commence l'hyper violence?), la lutte des classes, le rapport étroit entre la politique et l'armée (lequel des deux influe sur l'autre?), la fine cloison qui sépare l'amitié de l'amour (et quelles chances avez vous de réussir à transformer l'amitié en amour quand tout à ce niveau là semble vous échapper), etc. Bref, trop de sujets portant à débat, je vous laisse quand même la joie d'en découvrir quelques uns en lisant cette BD mais comme vous l'aurez compris elle déborde de sujets lourds alors que H.K a l'air si simple pourtant au premier abord… Oh, mais… Ah ben oui, comme Akira !

Attention, je ne dis aucunement que H.K est une repompe d'Akira, non non non et re-non. Des moments hommages ? Oui très certainement mais H.K est H.K, il a sa propre identité et même si il a clairement été inspiré par Akira, il ne le copie en aucun cas.

Allez je vais finir en parlant du parcours difficile au niveau de l'édition de cette BD qui était prévue de base en plusieurs cycles. Les trois premiers tomes qui forment le premier cycle (1.1, 1.2 et 1.3 donc) ont été initialement publiés en gros format contenant plus du double de page qu'une BD normale. Mais quand le premier tome du second cycle est arrivé, c'était dans un nouveau format contenant un peu plus de pages qu'une BD traditionnelle. Glénat ne travaille plus sous le format « Maxi » et donc pour pouvoir poursuivre la publication de la BD, un choix drastique s'est imposé :

Il fallait retravailler les 3 premiers tomes pour les faire rentrer dans un format traditionnel. Et là, la galère a commencée pour Trantkat qui s'est collé à ce travail de titan en convertissant un ancien tome en 2 nouveaux tomes, autrement dit le cycle 1 doit tenir à terme en 6 tomes classiques. Ce projet est baptisé H.K Redux.

Attention quand je parle de travail de titan de la part de Trantkat, ce n'est pas ironique, loin de là ! Beaucoup de fans n'ont pas compris l'intérêt de Redux, mais en fait je sais pas si ils ont vraiment ouvert un seul tome de Redux car la différence entre les anciennes et nouvelles versions sont flagrantes. Sur la base, le transfert était simple à faire puisque les anciens tomes faisaient 136 pages alors que le nouveau format fait 68 pages, il suffit de couper pile au milieu de la BD non ? Erreur fatale. Le principe d'une BD est d'avoir une situation de début, le développement de l'intrigue et le final. Si la BD avait été coupée nette et cash, bah alors les nouveaux tomes n'auraient pas été aussi palpitants.

Du coup tout le travail de Trantkat a été de retravailler ces tomes dans l'optique de rendre les nouveaux tomes attractifs et prenants. Pour cela, des passages ont été supprimés, des pages remaniées et surtout énormément de nouvelles cases dessinées… Oui les fans râlent car l'opération Redux prend du temps, mais il faut aussi clairement se rendre compte de la complexité de la chose.

Dernier point et pas des moindres, la version Redux bénéficie de dialogues remaniés et de scènes rajoutées qui rajoutent à mes yeux encore plus de profondeur que la publication originale ! En effet ces nouveaux passages permettent d'approfondir la psychologie des personnages ainsi que les interactions entre eux. Ceux qui auront lu l'ancienne version remarqueront d'ailleurs que le nouveau tome 1.5 a été le plus retravaillé des Redux, limite une totale relecture de la première partie de l'ancien tome 1.3, c'est abusé le travail de fou qui a été fait sur ce tome là, merci Maître Trantkat !

Donc vous l'aurez compris, oui je vénère cette BD. Totalement et définitivement et encore plus dans sa nouvelle version. Je vous recommande fortement sa lecture et s'il vous plaît ne vous arrêtez pas à l'aspect « cul » de H.K, elle mérite amplement qu'on s'y intéresse et approfondisse la lecture beaucoup plus que ce que l'on pourrait croire à première vue. Et oui cette BD a bien des points communs avec Akira comme je l'ai dit et prouvé et H.K mérite amplement d'être comparé à l’œuvre d'Otomo.

H.K (1996)

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